Miklos et Schmied

une collaboration secrète

En 1922, Gustave Miklos, qui travaille le métal repoussé, rencontre François-Louis Schmied chez le dinandier Jean Dunand. De leurs passions artistiques naît une amitié qui durera jusqu’au décès du graveur en 1941.

Schmied est subjugué par l’univers poétique de Miklos. Ils concluent un accord secret selon lequel Gustave Miklos va lui fournir des dessins pour les illustrations des livres édités par Schmied, des projets de reliure, des fontes émaillées et des tableaux. Miklos accepte que l’éditeur les signe de son nom et renonce ainsi à la renommée que son talent aurait pu lui apporter de son vivant.

Portrait de Gustave Miklos
Gustave Miklos. Archives Miklos
François-Louis Schmied. Autoportrait. Bibliothèque de Genève

Dans son carnet des « Travaux pour François exécutés depuis l’an 1922 », Gustave Miklos a tenu une comptabilité précise de ses réalisations que Schmied lui commandait. L’artiste dessine plusieurs centaines de compositions, reliures, titres, faux titres, bandeaux, lettrines, ornements, culs-de-lampe, planches, affiches, fers, menus, bois, invitations, décorations murales, peintures. Gustave Miklos en tirera certains avantages financiers pour subvenir aux besoins de sa famille en Hongrie, pour financer ses tirages en bronze et jouir d’une vie confortable mais sans excès.

Le fonds Gustave Miklos conserve de nombreux dessins préparatoires pour les illustrations des livres édités par François-Louis Schmied. De leur temps, le secret ne fut jamais révélé. Par respect pour son mari et son ami, la veuve de l’artiste s’était interdit de le partager avec les professionnels de l’art venus la solliciter, même si certains d’entre eux avaient percé le mystère.

Dans une lettre en date du 13 avril 1978, Madame Miklos écrit à l’étudiante en histoire de l’art Madame Garaud Patkai :

«  […] Pour ce qui est F.L. Schmied et G. Miklos. Il se peut que j’ai tort de m’obstiner à vouloir étaler moi-même au grand jour ce qui déjà n’est plus qu’un secret de polichinelle puisque d’aucuns ne se privent pas de le laisser entendre clairement vous devez le savoir. Le voile fut levé mais pas par moi. Et il est bien certain que la vérité toute crue éclatera après moi. Mais que voulez vous cela est pour moi un véritable cas de conscience. J’en souffre intensément. D’autre part je comprends bien que cela peut entraver votre travail que de ne pouvoir faire état de cette longue période de 19 ans qui furent à coup sûr les années les plus fécondes de Miklos. 19 années durant lesquelles aucune peinture ne porte sa signature. Je me sens incapable encore d’aller au-delà, d’en dire plus. […] ».

Le Comité Gustave Miklos respecte bien évidemment les accords passés entre Miklos et Schmied. Néanmoins, nous pensons que la disparition des deux hommes et les années écoulées autorisent de rendre à Gustave Miklos la pleine et entière paternité de son travail pour les éditions de François-Louis Schmied.

Nous encourageons les historiens d’art et les professionnels de l’art à mentionner la paternité de Gustave Miklos dans leurs textes et fiches d’œuvres rédigées dans les catalogues de vente lorsqu’il s’agit des illustrations signées François-Louis Schmied. Nous nous tenons à leur disposition pour identifier les éventuels dessins, croquis préparatoires, calques qui se trouveraient dans le fonds Miklos ou mentionnés dans son carnet secret.

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