Gustave Miklos

Miklos est né le 30 juin 1888 dans une famille modeste à Budapest. A l’Ecole Royale des Arts décoratifs de la capitale, il apprend les techniques relatives à l’art du vitrail, de la tapisserie, du métal, de l’émail et de la sculpture. 

Afin de poursuivre sa formation artistique, Miklos part s’installer à Paris en 1909 où il rejoint son ami Joseph Csaky à la Ruche. Il fréquente les cours de dessins de l’Ecole Spéciale d’Architecture et suit l’enseignement de Le Fauconnier à l’Académie de La Palette. Il expose ses premières peintures au Salon d’Automne en 1910 et 1911.

Il emprunte alors les chemins du cubisme. En 1913, une de ses peintures cubistes est sélectionnée pour une exposition itinérante « Exhibition of Cubist Paintings » organisée par Taylor Son & Co à Cleveland. De cette période, on ne connaît que peu d’huiles sur toile cubistes. Seule une est actuellement connue. 

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Miklos est envoyé sur le front d’Orient. Il découvre alors l’art byzantin, les ors, les bleus et les rouges des mosaïques qui ornent les voûtes des basiliques à Salonique en Grèce.

Pour sa première participation au Salon des Indépendants de 1920, il expose quatre peintures inspirées par le hiératisme et les couleurs des œuvres byzantines. 

Elles sont remarquées par le collectionneur et mécène Jacques Doucet qui l’encourage dans son travail sur sa partie décorative émaillée en lui commandant de nombreux objets.

En 1922, Miklos rencontre le graveur et éditeur François-Louis Schmied (1873-1941) alors qu’il travaille le métal repoussé dans l’atelier parisien du dinandier suisse Jean Dunand. De leurs passions artistiques communes naît une amitié qui durera jusqu’au décès de Schmied.

Schmied est subjugué par l’univers poétique de l’artiste hongrois. Ils concluent un accord secret selon lequel Miklos va lui fournir ses dessins pour des illustrations de livres, des projets de reliure, des fontes émaillées et des tableaux. En acceptant que l’éditeur les signe de son nom, Gustave Miklos renonce ainsi à la renommée que son talent aurait pu lui apporter de son vivant.

Dans son carnet des « Travaux pour François exécutés depuis l’an 1922 », Gustave Miklos a tenu une comptabilité de ses réalisations que Schmied lui envoyait : plusieurs centaines de compositions, reliures, titres, faux titres, bandeaux, lettrines, ornements, culs-de-lampe, planches, affiches, fers, menus, bois, invitations, décorations murales, peintures.

Une importante quantité de documents, de dessins, calques, maquettes et de photographies attestant de cet accord est conservée dans le fonds Gustave Miklos détenu par les ayants droit de l’artiste.

De son anonymat, Miklos tirera certains avantages pour subvenir aux besoins de sa famille en Hongrie, bénéficier d’une vie confortable mais sans excès et financer le tirage de ses sculptures en bronze.

 

Quant à lui, Dunand lui demande de fournir de nombreux dessins pour les panneaux, vases et paravents qu’exécutent en laque les ouvriers de l’atelier. Comme pour Schmied, Miklos n’a pas signé pas ses créations, au contraire de Paul Jouve, de Jean Lambert-Rucki et de Jean Goulden. Cette signature aurait probablement trahi le pacte conclu avec Schmied.

C’est donc au travers de sa sculpture que Miklos s’épanouit pleinement dans sa vie d’artiste. En février 1923, le marchand d’art Léonce Rosenberg lui propose sa première exposition monographique où il présente au public des œuvres en plaques de métal repoussé.

A la galerie de la Renaissance en 1928, l’artiste expose ses sculptures en bronze qui évoquent à l’historien d’art Jean Guiffrey sa quête de la recherche de la forme parfaite, sa volonté d’atteindre un caractère idéal et universel, de la perfection de son exécution.

Miklos fait partie des membres fondateurs de l’UAM et participe à toutes les expositions du Pavillon de Marsan.

De son vivant, Miklos n’a été connu que pour sa partie sculptée, restée longtemps réservée à des cercles restreints. Ses collectionneurs, réguliers ou ponctuels, étaient, entre autres, François-Louis Schmied, Marcel Coard, Robert de Rothschild, Laurent Monnier, Jean Dunand, Jeanne Lanvin, ou encore le plus fidèle, Jacques André. La sculpture de Miklos ne correspond à aucune mode, elle est hors du temps et des codes esthétiques de l’époque. Elle exprime une recherche d’élévation, une quête spirituelle profonde.

En 1940, Gustave Miklos s’installe à Oyonnax et enseigne la sculpture à l’Ecole des Matières plastiques. Il y décède en 1967. Sa veuve procède à des donations de plâtres que l’on peut voir aujourd’hui au musée d’Art et d’Histoire de Saint-Etienne, au musée d’Art moderne André Malraux du Havre, au musée des Beaux-Arts de Calais et au musée de Brou à Bourg-en-Bresse. D’autres œuvres sont conservées au musée national d’Art moderne Pompidou à Paris, au musée des Arts décoratifs de Paris, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au musée de la Piscine à Roubaix, au musée du Peigne à Oyonnax, au musée d’Art et d’Histoire de Cholet et au Mobilier national.

Gustave Miklos biographie

Gustave Miklos fait partie de ce groupe d’artistes nés hors de France, mais que Paris a absorbé, a fait à son image, et qui, maintenant, sont les meilleurs représentants de l’école française moderne.

Marie Dormoy, bibliothécaire du collectionneur et mécène Jacques Doucet